Liliane Bettencourt, qui fête vendredi ses 89 ans à Londres, doit désormais s'en remettre à la protection de sa fille Françoise et de ses deux petits-fils, désignés lundi comme ses tuteurs par la justice au grand dam de la milliardaire et de ses avocats.
"Françoise Bettencourt-Meyers et ses enfants savent qu'ils entrent dans une phase de transition au cours de laquelle ils vont devoir faire preuve de patience et de délicatesse pour que Liliane se sente en complète sécurité", a expliqué à l'AFP leur avocate Me Béatrice Weiss-Gout.
Jean-Victor Meyers, 25 ans, est chargé d'assister sa grand-mère dans sa vie quotidienne et partage avec sa mère et son frère Nicolas, 23 ans, l'autorité judiciaire sur son patrimoine, classé troisième fortune de France.
Depuis son placement sous tutelle, les petits-fils de la milliardaire se sont relayés à son domicile de Neuilly-sur-Seine. Son favori, Jean-Victor, désormais chargé de s'occuper de ses affaires courantes, lui a proposé de l'accompagner à Londres, où elle avait prévu de fêter son anniversaire.
Après une réunion mardi avec le personnel de la milliardaire, Jean-Victor s'est attaqué à la mise en place d'un suivi médical le mieux adapté à ses besoins, une expertise médicale ayant affirmé que sa grand-mère souffrait de la maladie d'Alzheimer.
"Tous les efforts de la famille de Liliane sont maintenant concentrés à veiller à son confort et préserver une vie conforme à ses habitudes et ses souhaits", a ajouté Me Weiss-Gout.
La milliardaire "voyagera, sortira, poursuivra sa vie sociale sans risques d'être constamment sollicitée", avaient assuré ses tuteurs mardi dans un communiqué.
Pour autant, ce jugement pousse la fille du fondateur de l'Oréal à démissionner de son mandat d'administratrice du géant des cosmétiques dont elle est la première actionnaire.
Conscients du fait que cela peut affecter le groupe, Françoise et ses deux fils ont affirmé que son placement sous tutelle "ne modifiait en rien les accords conclus en 2004 entre la famille Bettencourt et Nestlé, et donc les équilibres de l'actionnariat et du conseil d'administration".
Une bataille féroce et médiatique
Le groupe suisse détient un peu plus de 29% de l'Oréal, ce qui en fait le deuxième actionnaire après la famille Bettencourt (plus de 30%).
Liliane Bettencourt et sa fille se sont livrées, depuis 2007, une bataille aussi féroce que médiatique, née des soupçons d'abus de faiblesse de Françoise Bettencourt-Meyers à l'encontre du fantasque François-Marie Banier. Leur conflit familial s'était vite transformé en guerre totale, allant jusqu'à déstabiliser le gouvernement.
Après une brève réconciliation en décembre, le bataillon d'avocats et de conseillers n'a rien fait pour calmer le ressentiment que Liliane voue à sa fille. Françoise, elle, est persuadée d'accomplir son devoir en demandant à quatre reprises une mise sous protection judiciaire de sa mère entourée, selon elle, d'aigrefins.
C'est finalement dans un modeste bureau du tribunal d'instance de Courbevoie (Hauts-de-Seine) qu'une magistrate a scellé une réconciliation forcée, décidant de donner toutes les prérogatives d'une mise sous tutelle - le plus haut niveau de protection judiciaire - à la famille de la milliardaire.
L'avocat de Liliane devenu son protecteur en janvier, Me Pascal Wilhelm, a été sèchement prié de prendre la porte par la magistrate qui l'accuse de conflit d'intérêts après l'investissement de 143 millions d'euros réalisé au nom de la milliardaire dans une société d'un de ses clients, Stéphane Courbit.
Furieux d'avoir été écartés, l'avocat de Liliane Bettencourt, Me Jean-René Farthouat, et Pascal Wilhelm fourbissent leurs armes, après avoir fait appel mardi de ce jugement "contraire au bon sens " et à la volonté de la milliardaire.
Me Jean-René Farthouat plaidera la suspension de cette mise sous protection le 4 novembre devant la cour d'appel de Versailles.
(Source AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire